Le racisme sexuel (RS) renvoie à la discrimination des personnes racisées (qui ne sont pas perçues comme étant « blanches ») dans le contexte de la sexualité, du dating et des relations romantiques. Souvent justifié sous le prétexte de préférences raciales inoffensives, le RS engendre des conséquences importantes puisqu’il reconduit les rapports de domination déjà existants en société au sein de l’intimité. Considérant cela, celui-ci peut être décrit comme un enjeu de justice sociale pour plusieurs (Beaulieu, 2024; Bedi, 2015, 2019; Zheng, 2016).

Alors que le racisme est davantage condamné socialement, la reconnaissance du RS demeure un sujet contentieux, et ce, même au sein des communautés de la diversité sexuelle et des genres qui prônent des valeurs progressistes (Callander et al., 2017; Smith et al., 2022; Ruez, 2017).

À partir d’une approche critique, féministe et intersectionnelle, les manifestations implicites et explicites du racisme sexuel seront illustrées à l’aide d’exemples concrets portant spécifiquement sur les réalités des femmes racisées de la diversité sexuelle. Puis, un résumé des défis pouvant découler de cet enjeu sera présenté.

Bien que l'intersection du racisme, du sexisme et de l'hétérosexisme accroît leur risque de vivre diverses formes de violence (dont celles à caractère sexuel), la capacité des personnes racisées LGBTQ+ à faire preuve d’agentivité est indéniable et sera mise en lumière également. Enfin, des pistes de réflexion pour favoriser des interventions sexologiques sensibles et inclusives aux réalités de cette population seront discutées en guise de conclusion.

Conférence donnée par Anne-Claudie Beaulieu

Anne-Claudie (elle/she/her) est diplômée du baccalauréat et de la maîtrise en recherche-intervention en sexologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle a complété la spécialisation "culture, société, genre et sexualité" ainsi qu'une concentration en études féministes de deuxième cycle. Elle travaille comme sexologue en relation d'aide depuis trois ans et demi. Durant sa scolarité, elle s'est impliquée dans le milieu de la recherche, de l'enseignement et du milieu communautaire. Notamment, elle a été intervenante psychosociale pour les organismes RÉZO et ANEB (Anorexie et Boulimie) Québec. Elle a participé à différents projets qui visent à favoriser l’accès à l’éducation à la sexualité inclusive et anti-oppressive (tel que le collectif "Éducation à la sexualité, je veux savoir!" et la plateforme Neuro-Sexo). Son projet de mémoire a exploré les expériences de racisme sexuel vécues par neuf personnes qui s'identifient comme des femmes racisées lesbiennes, gaies et bisexuelles dans le contexte du dating au Québec. Les conséquences de ces événements ainsi que les stratégies d'adaptation déployées par les participantes pour y faire face furent documentées. Cette étude visait à sensibiliser plus de gens à l’enjeu et à ce que les diverses manifestations du racisme sexuel soient davantage reconnues. Ses intérêts cliniques et de recherche portent également sur les réalités liées à la diversité sexuelle et la pluralité des genres, la résilience des personnes ayant vécue de la violence sexuelle, la satisfaction relationnelle et sexuelle des couples, les réalités des couples mixtes/interethniques ainsi que les enjeux liés à l’image corporelle et les troubles alimentaires sur la santé sexuelle.