Le 02 nov. 2024
Pour comprendre le phénomène de la «détransition» nous avons mené une étude en 3 volets avec une équipe pluridisciplinaire (Baril, UOttawa, Millette, Medico et Turbide, UQAM, Pullen Sansfaçon, UdM, Susset, Institut pour la santé trans). Cette étude comprend une recherche qualitative sur l’expérience de vie des jeunes s’identifiant detrans (N=20), une étude par questionnaires online évaluant les perceptions et expériences des professionnels du soin (N= 61) et une étude sur les discours véhiculés dans les médias sociaux et traditionnels. Dans cette présentation nous résumerons les principaux résultats des trois volets puis nous focaliserons sur l’expérience des jeunes s’identifiant comme ayant détransitionné. La discontinution est associée à différents vécus qui ne peuvent pas se résumer à une idée de détransition, de deuil ou de regrets. Les motivations à discontinuer peuvent être structurés en 4 catégories :
une évolution des représentations de la personne sur le genre et ses besoins identitaires pendant le parcours d’affirmation;
une prépondérance des besoins relationnels et manque de soutien;
des expériences corporelles et réactions négatives face aux traitements;
la persistance de la souffrance. Il en découle que la vision de ce qu’est une « transition » devrait plutôt être envisagé comme un parcours d’affirmation comprenant des phases et s’inscrivant dans une perspective non linéaire. Il dépend de nombreux facteurs tant individuels que contextuels. Les besoins des personnes s’identifiant detrans doivent être pris en compte et des pistes pour l’intervention sexologique seront proposées tant en éducation, conseil qu’en psychothérapie et pour les démarches d’évaluation.
Denise Medico Ph.D. (elle), sexologue et psychologue, est professeure au département de sexologie de l’UQAM où elle mène des recherches sur le développement de pratiques cliniques inclusives, l’identité des sexologues et la subjectivité des personnes trans et non binaires. Elle est l’auteure du livre Repenser le genre: une clinique avec les personnes trans (Georg 2016) et a co-dirigé les ouvrages Jeunes trans et non binaires, de l’accompagnement à l’affirmation (Remue-ménage, 2021) et La sexologie clinique, une psychothérapie inclusive et intégrative (PUQ, 2021). Elle co-dirige la nouvelle collection Sexualités et Sexologie des Presses de l’Université du Québec.
Annie Pullen Sansfaçon T.S, Ph.D. (elle), est professeure au département de travail social de l’Université de Montréal. Elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la recherche partenariale et l’autonomisation des jeunes vulnérables (ReParE) et co-fondatrice et codirectrice du Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et l’équité (CRI-JaDE). Elle dirige et a collaboré à plus d’une trentaine de projet de recherche sur les pratiques éthiques et sur les jeunes trans. Elle a notamment co-dirigé les ouvrages Jeunes trans et non binaires, de l’accompagnement à l’affirmation (Remue-ménage, 2021) ainsi qu’un ouvrage à paraître en 2024 sur les interventions psychoéducatives auprès des jeunes trans et non binaires.